Les routes maritimes antiques et les navires britons et celtes
CurtisPam il y a 7 ans
Pour affronter la haute mer, emporter du fret, toucher des ports lointains, nos ancêtres, ces marins et commerçants, celtes ou descendants des hommes du néolithique, surent construire de robustes cargos
Outre les pirogues et les curraghs des premiers temps, quelles étaient les embarcations de nos ancêtres qui leur permirent de se jouer des éléments, de la houle, des tempêtes et des pièges de la côte, surtout en Atlantique ? Dans le dolmen du Mané Lud (3) à Locmariaquer, près de haches emmanchées et de crosses de berger (qui devinrent celles des évêques), les pierres sont gravées de pirogues aux poupes et proues relevés comme sur les drakkars normands ou les bateaux traditionnels du Portugal. Mais ces pirogues néolithiques qu'une simple vague forte pouvait couler, ne devaient guère s'aventurer à la poursuite du cachalot, représenté également au Mané Lud. Une pirogue améliorée datée du Ier siècle a été exhumée dans le lac de Lough Lene en Irlande, le tronc creusé de 8 mètres est rehaussé de planches assemblées par tenons, son creux de 80 cm lui offrait des qualités nautiques supérieures à celles d'une simple pirogue.
Mais pour affronter la haute mer, emporter du fret, toucher des ports lointains, nos ancêtres, ces marins et commerçants, celtes ou descendants des hommes du néolithique, surent construire de robustes cargos, ancêtres des sinagots. Ceux des Vénètes firent l'admiration de César, coque de chêne, murailles épaisses, ancre de fer, hauts bords, faible tirant d'eau, voiles de peaux amincies. Certes, les navires vénètes en imposaient aux galères romaines, mais c'est oublier que la Méditerranée connaissait ce type de cargos et corbita hellènes ou romaines. Hélas aucun de ces bateaux vénètes n'a pour l'instant été retrouvé, bien qu'il y en ait certainement gisant sous les vasières du golfe du Morbihan… les navires vénètes n'étaient pas destinés à la guerre mais au commerce, et contrairement aux drakkars, très beaux mais qui passent à tort pour des navires d'une grande modernité, ceux des Vénètes, peu différents des bateaux à dolias (4) méditerranéens, offraient plus de confort, plus d'emport et se contentaient d'un équipage réduit ; de plus un pontage offrait un abri pour les longues traversés et une sécurité en cas de déferlante.
Un navire romano-celtique découvert dans la Tamise à Londres (5) donne une idée de ces bateaux vénètes : daté de 150 après J.-C, longueur 14 m, largeur 6,5 m, construit à carvel (6) en chêne, un mât, capable d'emporter 50 tonnes de fret en rivière ou en mer. Cette technique moderne dite à carvel consiste à fixer les bordés sur des membrures, ce qui nécessite un calfatage, au lieu de les assembler entre eux par des tenons/mortaises ; une autre technique dite à clins, employée sur les drakkars, les font se recouvrir en partie.
Une autre épave découverte à Guernesey (7) datant de la même époque faisait 25 m par 6 m, avec un mât de 13 m et un équipage de trois hommes.
Plus que la construction à clins des Vikings, celle à carvel, utilisée par les Bretons et les Celtes, est le mode de conception moderne des bateaux en bois.